lundi, septembre 27

Bien reçu...

J'ai reçu le paquet de Christian Bruel.
Mais si ! j'en avait parlé :
j'avais gagné un livre suite à l'appel à souscription qui aurait pu sauver les Editions Etre.
La semaine dernière est donc arrivé un paquet avec un album et moultes marques-pages...





Le petit mot de CB précise que c'est le genre de livres qu'il a toujours défendu et aurait souhaité éditer encore, et ça ne m'étonne pas, car il y a quelque chose d'étrange et de bien particulier, de déroutant, dans cette histoire d'homme qui a bien du mal à avancer dans sa vie solitaire. C'est un album aux lectures multiples, comme souvent dans cette maison d'édition...
En tout cas c'est bizarre de recevoir ce livre et de se dire que pour Etre, c'est fini...



Ne désespère pas Gilbert /Gro Dahle. Etre

vendredi, septembre 24

L'histoire de Clara...

Voilà un album ou un texte illustré qui m'a un peu surprise et émue. Il faut dire que je n'avais pas envie de l'ouvrir, cette couverture verte un peu trop foncée pour être gaie, le thème évoqué par mes collègues, et bon, parfois, on a des réticences et on a bien le droit...


C'est donc l'histoire d'une toute petite fille, un petit bébé de la guerre (la 2eme), qui, à partir de l'arrestation de ses parents et frères et soeurs (juifs celà va sans dire), va être balloté par le destin, et passer de maisons en maisons, de bras en bras de chapitre en chapitre.

Car c'est cette construction à la fois simplissime et originale qui font le caractère unique de ce livre : chaque chapitre est raconté par la personne qui prend en charge Clara, la trouve, la recueille, la transporte, ... (après tout la petite ne peut pas parler ;-) d'où un ton différent à chaque fois.
Chaque personne (une vieille, une nonne, un soldat allemand, une rebouteuse, et j'en passe) qui va croiser son destin, va s'y attacher ou l'aimer, même brièvement, va se laisser émouvoir ou va se noyer dans ses yeux, et lui donner un peu de temps, de miel, de soupe.
Après tout, comme le dit le 'Boche' (dixit) : "Moi, quand je suis parti faire la guerre, je croyais pas que c'était contre les enfants". A travers cette histoire, on voit en filigrane la réalité de la guerre, mais bien sûr à travers ce tout petit bout de fille, les auteurs soulignent son absurdité.
Coté illustrations, c'est assez stylisé et certaines sont pleines d'humour, allégeant ainsi le fond du propos, avec des couleurs d'époque : elles éclairent le texte, rendant plus concrets les personnages et servent de lien graphique tout au long de l'histoire.

, Vincent Cuvellier himself, explique le pourquoi du comment du début de l'histoire, un peu en réaction à l'air du temps, un peu pour dire que ce livre a compté pour lui.

Ben alors, l'asticot dit juste merci, et s'en va sur la pointe des pieds le donner à lire aux enfants... à partir de 9 ans (faudra quand même parler un peu de la 2e GM).

L'histoire de Clara /Vincent Cuvellier ; ill. Charles Dutertre. Gallimard jeunesse, 2009

jeudi, septembre 23

mercredi, septembre 22

"Ca crée des liens de tuer quelqu'un...."

Eden est une jeune fille fière et solitaire, un peu sauvage et combative, éprise de nature et de liberté, et qui vit une relation fusionnelle avec Sky, une aigle magnifique.
Son caractère bien trempé de reblle (qu'on imagine magnifique), elle le tient sans doute un peu de sa grand-mère, Violett, et de son histoire, celle du peuple indien qui a été -comme tant de minorités- martyrisé pour être assimilé. Ca donne des femmes que rien n'arrêtte !
Or Violett a été mise en prison par une juge sans coeur et elle en est morte. Eden décide de la venger, grâce à Sky, dressée pour tuer.


La situation et le personnage d'Eden sont dans la violence, sous le signe d'une vengeance sans pitié, à la fois froide et réfléchie, et dans le bouillonnement sauvage des éléments. La vengeance est ici un cri de rage et de liberté.
L'écriture de Elise Fontenaille restitue complètement cette sensation de fleur de peau. Elle est hachée et incisive, précise, brève et coupante comme le bec d'un rapace. Le roman est court, mais dur, noir et dense. Il est riche en infos contextuelles (Canada, indiens... inspiré de personnages ayant existé), et développe particulièrement son héroine, attachante et insaisissable.
Un peu polar (noir) avec ce jeune flic fasciné par la jeune fille, un peu roman ethno qui brosse grossièrement quelques décennies du destin de la tribu des Haidas, et roman centré sur un personnage fort saupoudré de croyances ancestrales ; il est surtout efficace et marquant !!!!
Et toujours, je tente de faire baisser ma PAL (=pile à livres), et je suis presqu'au bout du corpus des GCT...

La cérémonie d'hiver / Elise Fontenaille. Rouergue, 2010 (doado noir)

dimanche, septembre 19

Les Pozzis....

Les pozzis forment un petit peuple, et petits ils le sont puisqu'ils mesurent environ 20 cm de haut, et ils ont une corne. Ils vivent dans des grottes autour d'un marais et construisent inlassablement des ponts (quand ils ne font pas la Récréation). Ah oui, ils ont aussi tous une robe, dont la couleur peut changer en fonction de leurs humeurs ou de leur volonté. Il y a bien des pozzis-Il et des pozzis-Elle mais tous (quand ils sont âgés) peuvent porter la barbe.

Brigitte Smadja a sorti les deux premiers volumes début 2010. Chacun se centre sur un des personnages de la communauté et raconte l'une de ses aventures. Ainsi, Abel, un jeune pozzi qui manque d'assurance va se découvrir un don d'extralucideur et de guetteur de Lailleurs (Lailleurs c'est tout ce qu'il y a au delà des marais, c'est inconnu et inquiétant et ce qui arrive de Lailleurs est sans doute dangereux). Capone, dans le volume 2, le chef des pozzis, arrive au terme de sa vie et doit organiser sa succession.

Ce début de série est intéressant car on entre d'emblée et sans soucis dans cet univers farfelu, ou les personnages ne sont ni hommes ni animaux, sont sexués mais avec des atouts différents... L'auteure nous y aide d'ailleurs en donnant en préambule « Dix petites choses à savoir pour se promener dans le pays des Pozzis ».

Les personnages sont attachants, ils s'amusent et semblent assez insouciants sur le modèle d'enfants. Mais en filigrane, on retrouve des problématiques de fonds comme l'amitié, la mort, etc. L'ensemble est facile à lire (collection mouche) et largement illustré en couleurs par Alan Mets.

Agréable et avec un soupçon d'originalité et de fantaisie qui pique la curiosité (dans une production pour les jeunes qui comprend beaucoup de nullités, je dois le dire).

Attendons de voir si B. Smadja arrive à tenir sur la longueur (2 nouveaux tomes sortent cet automne), au delà de l'attrait de la nouveauté.

Les Pozzis / Brigitte Smadja ; ill. par Alan Mets. - Ecole des Loisirs, 2010 (collection Mouche)

vendredi, septembre 17

Tu vois la lune...

Cet album raconte l’histoire d’une migration, comme il y en a tant. Le départ d’un pays d’Afrique pour aller vers une autre région, un autre pays, une terre promise où l’eau coule à flot des robinets, où l’on mange à sa faim…


Ce voyage, nous le suivons avec une petite fille, depuis la veille du départ, chargé de rêves et de promesses (elle croit qu’ils vont sur la lune), les heures de marche et de bateau, cachés, de nuit, et l’arrivée ailleurs. Son regard est serein, car si l’on sait les dangers de ces voyages, elle est rassurée par ses parents, et le thème, paradoxalement, nous apparaît à la fois dans toute sa réalité, mais avec la candeur du regard enfantin. La fin est un message d’espoir, avec l’arrivée et la solidarité familiale, on a presque envie de croire au happy end, même si l’on sait bien, au fond, que le parcours est loin d’être fini. (Un petit bémol sur la fin du texte avec une ou deux phrases superflues à mon avis, mais bon…)

Les illustrations de Anaïs Bernabé sont magnifiques pour la plupart, et elles nous font réellement voyager. Les couleurs explosent en aplats sur certaines pages (le sable jaune, la mer et ses nuances de bleu, le rouge), et les tissus des vêtements sont chatoyants. Les personnages sont très stylisés, les corps et les visages sont décorés à la manière des masques africains, et les silhouettes aux courbes multiples donnent l’impression de danser, d’être en mouvement.
Un bel album aux vives illustrations à découvrir sur un sujet malheureusement d’actualité... (ça sera pas MON coup de coeur de l'année mais il vaut le coup d'oeil !)



Tu vois la lune / Agnes de Lestrade ; Anaïs Bernabé . – Anna Chanel, 2010-09-17

mardi, septembre 14

Vango... aux sources de l'écriture

Voilà une petite vidéo trouvée sur le net qui nous plonge au coeur de l'époque ayant inspiré T. de Fombelle...


VANGO : aux sources de l'écriture
envoyé par GallimardJeunesse. - Regardez des web séries et des films.

lundi, septembre 13

VANGO...

Le roman s'ouvre sur une scène assez particulière puisqu'on se retrouve projeté en 1935, sur le parvis de Notre-Dame à Paris alors que des prêtres attendent d'être ordonnés. Le calme et la solennité de la cérémonie vont néanmoins vite être troublés par l'arrivée de la police et le début de la poursuite de Vango, héros éponyme du roman.

D'abord intriguée par ce début rythmé et complexe, je me suis laissée conduire tout au long de la lecture, et je ne suis pas au bout de mes questionnements et interrogations ! En effet, ce roman d'aventures est plein d'intrigues. On avance, on suit des pistes, des destins, on croit avoir des embryons de réponses et le mystère s'intensifie.

Le rythme est effréné, puisque Vango vit une course folle, poursuivi par la police pour un meurtre qu'il n'a pas commis, par des groupes qui lui en veulent pour des raisons qu'il ignore, et par un passé assez flou. Le personnage est un héros assez atypique. Même quand il est très jeune, il semble sans âge tellement il a une personnalité particulière. Il est mystérieux et attachant, je dirais même avec une certaine aura, et surtout insaisissable...

Mais si l'auteur joue avec nos nerfs, (car on est en attente de réponses et il crée un suspense prenant), l'impression de course folle du héros est accentuée par des distorsions topo-chronologiques (je me comprends) dignes d'un kaléidoscope.

On traverse en effet l'Europe aux cotés du héros en faisant des bonds entre le lac Constance, l'Ecosse, les Iles Eoliennes ; en passant par les airs à bord du Graf Zeppelin, le long des falaises siciliennes ou sur les toits de Paris... Tout ça dans la période de l'entre deux guerres, encore marquée par les traumatismes de la première et inquiète devant la montée du nazisme. Coté chronologie donc, on passe d'un chapitre en 1935, à un autre deux jours plus tard, pour revenir en 1918 (de l'autre coté de l'Europe), puis en 1925, etc etc.... et Timothée de Fombelle a du bien s'amuser à construire un tel scénario, ou il mêle avec une grande maîtrise la petite et la grande histoire.

La construction est donc bien complexe, et les références historiques ne manquent pas (jeunes lecteurs accrochez-vous !).

Je ne peux pas rentrer dans le détail de l'histoire sans déflorer le roman, alors je préfère ne pas m'étendre sur la contenu, mais sachez que l'on y croise une sacré galerie de personnages : nombreux, à la personnalité forte et fouillée, pleins de contradictions, de sagesse ou d'illusions, et pas forcément de bonne compagnie... tous croiseront la route de Vango, mais que la rencontre soit fugace ou prolongée, chacun en restera marqué.

Si j'avais pu, je crois que je n'aurais pas lâché le livre avant la fin !

En tout cas, j'attends la suite de la trilogie avec grande impatience et avec plein de suppositions !

Ce livre est aussi dans le corpus des Graines de Critiques Toulousains (décidément, corpus un peu ambitieux cette année)

Vango / T. de Fombelle. Gallimard jeunesse, 2010

mercredi, septembre 8

Question...

"Pourquoi, se sentant jaunissantes, les feuilles se suicident-elles ?"



Extrait de :
Le livre des questions / P. Neruda ; ill. I. Ferrer. Gallimard jeunesse, 2008

dimanche, septembre 5

Les oiseaux...

Aujourd'hui, 2 pensées pour les oiseaux...

hier j'en ai croisé une nuée très colorée en librairie...

et elle avait l'air EXTRÊMEMENT prometteuse * :


(à lire absolument)

et puis j'en ai un tout noir sur mon bureau, mais 'iyé kong' ! (où quand BenoWaZak -Benoit Jacques nous surprend encore, et nous fait rire, toujours !) **


*Dans le premier, c'est philosophico-poético-du-bout-du-chemin comme savent le faire le duo Zullo. Y'a des jours qui commencent pareil, et puis c'est pas pareil et y'a un détail qui change,... et parfois, les détails ça change tout !!!!!

Magnifiques illustrations chatoyantes, toujours dans le détail, et en même temps aux décors si épurés. Une belle histoire toute simple pour faire réfléchir un peu, et rêver sans doute. (bon je l'ai lu très vite, mais franchement je crois qu'il vaut son pesant de guano).

**Dans le second aussi on a une belle leçon... quand on a décripté la langue employée (entre phonétique, sms, créole et occitan), on commence à rigoler. (c vré ki yé kong ce wazo ;-))
Et là, à la mode zen et estampes, de petites illustrations au noir (linogravures et eaux-fortes), on rigole encore....

(et moi je m'envole crie l'asticot ?)

*Les oiseaux / Albertine et Germano Zullo. La joie de lire, 2010

**Wazokong / BenowaZak. Benoit Jacques Books, 2010

samedi, septembre 4

Contes de la banlieue lointaine...

Je viens de relire (pour la 2e ? 3e fois ?) ce recueil de contes, petites histoires ou peut-être nouvelles extraordinaires, étranges et déroutantes ;

et je suis juste TOTALEMENT COMPLETEMENT fan de ce que fait Shaun Tan.

Si l'ensemble peut paraître délicieusement éclectique au premier abord, avec des personnages, des ambiances, des univers différents, il flotte quand même tout au long du livre un lien fort, avec une atmosphère particulière, avec des questions laissées en suspens, on s'enfonce doucement dans l'étrange et l'incongru, dans un univers fantastique au riche bestiaire.



L'aspect indéfinissable de l'ensemble est renforcé par la pluralité graphique de Shaun Tan qui maîtrise pas mal de techniques d'illustrations, les compose, les mixe, en alternant des pleines pages et des vignettes.


Bref, on a de la gouache pleine et épaisse, des traits fins à la plume qui dessinent des paysages sombres, des esquisses au crayon, des effets de collages de timbres farfelus, de bouts de papiers déchirés, des articles de journaux, qui donnent une richesse incroyable et une vraisemblance extraordinaire à cette banlieue si proche et si lointaine à la fois....


Ce recueil nous offre des moments drôles, graves, oniriques, tantôt un peu inquiétants, tantôt poétiques, mais toujours étranges.

Shaun Tan lie avec brio la simplicité et la complexité ambitieuse des lectures multiples. Un ouvrage à accompagner un peu sans doute auprès des jeunes lecteurs... et à lire jusqu'à 100 ans au moins.

***

Un petit pincement poétique au coeur pour le conte Orage à l'horizon composé de bouts de papiers déchirés avec des mots griffonnés, des dessins, etc

"Vous êtes vous déja demandé ce que deviennent les poèmes que les gens écrivent ? les poèmes qu'on ne fait lire à personne ?..."

Question banale et fondamentale, qui ouvre sur 1000 possibles....

Et bien lisez ce conte là et vous y trouverez une réponse magique à la hauteur de son auteur !

***

Pour rappel, les livres précédents du Monsieur qui sont sur mon étagère du haut :



Et pour celles et ceux qui ont envie d'aller passer l'après-midi dans le quartier de la banlieue lointaine, rv à 13h50 sur la quai du tram...;-)

Contes de la banlieue lointaine /Shaun Tan. Gallimard jeunesse, 2009