mardi, juillet 27

La Sauvage...

Voilà un roman illustré absolument époustouflant !
en tout cas marquant, très fort, très bien composé, et qui nous emmène loin...
et un GROS coup de coeur de l'asticot !!!!



C'est l'histoire de Blue, un garçon qui a perdu son père, brusquement, et qui doit faire face à cette nouvelle vie, la vie d'après son papa. Bien sûr, Mme Molloy (la psycho scolaire en gros) l'encourage à écrire pour commencer à extérioriser sa peine, mais ça ne marche pas...
jusqu'au jour où, quand même, il va se lancer dans l'écriture d'une drôle d'histoire.

Il imagine un enfant sauvage, qui vit seul dans la forêt, comme une bête, sans mots, sans amis, et qui tue ceux qui osent s'approcher trop près de lui. Un enfant "méchant, cruel et sauvage", qui lui ressemble étrangement. Pour Blue, la réalité et la fiction vont commencer à se mêler...


Il est étrange ce livre, car on ne sait pas trop dans quel registre on se situe.
On peut être dans du fantastique avec cet enfant sauvage sur lequel on n'a pas de réponses, et avec les étranges recoupements entre l'histoire et la réalité ; on peut aussi le voir comme un simple personnage fictionnel à travers lequel Blue va vire sa colère, sa vengeance (contre un gros dur du coin qui l'embête), et avancer dans la gestion de son deuil ; et surtout, on voit comment l'écriture est un moyen de transcender, d'exorciser et de prendre du recul.
Mais ce n'est pas tout, quand on commence à le lire, on se retrouve plongé dans une violence extrême, avec les brimades du caïd Hopper, l'attitude de l'enfant sauvage, sa violence latente qui finit par exploser, les armes et le sang... c'est frappant !




Heureusement, plusieurs éléments aident à dénouer un peu la tension insoutenable qui se construit dans les premiers chapitres.

D'abord, le narrateur c'est Blue, mais il est plus âgé, de quelques années sans doute, et a un peu dépassé cette période, en tout cas il la relate avec recul. Les passages dactylographiés (=la voix de Blue plus âgé) alternent avec des passages écrits et très illustrés, qui sont des extraits de son cahier et de l'histoire écrite à l'époque : le Sauvage. La fin du roman nous présente d'ailleurs un Blue pacifié et "moins triste", et l'on sent avec espoir que la vie reprend son cour et continue malgré les blessures.
Ensuite, le sauvage (que l'on voit 's"humaniser' peu à peu) ne va pas au bout de l'acte le plus violent. Le narrateur ne peut assumer un meurtre même commis via son personnage.
Grâce à ça, le roman, extrêmement dur de prime abord, progresse vers un dénouement un peu allégé.

Bref, c'est un livre autour du deuil et de sa gestion par un enfant, mais c'est presque réducteur de dire ça.
C'est un livre qui oscille entre l'album, le roman graphique, le texte illustré.
C'est un livre qui navigue entre fantastique et psychologique.
Et c'est un livre bien écrit, qui nous plonge dans un univers violent et torturé,
soutenu par des illustrations sombres et déformées en bichromie (vert et noir / bleu et noir),
dans une composition très étudiée qui fait alterner les gros plans, la succession de vingettes, le zoom, etc.

Les deux auteurs anglais, David Almond pour le texte et Dave McKean pour les illustrations, se complètent parfaitement pour créer un livre atypique à la force indéniable.


A lire ABSOLUMENT !!!!!

Le sauvage / David Almond ; ill. Dave McKean. Gallimard jeunesse, 2009

NB : Dave McKean on le connaissait déja,
notament quand il a travaillé avec Neil Gaiman pour créer deux superbes albums très graphiques que j'adooooooooore :




-Le jour où j'ai échangé mon père contre deux poissons rouges
-Des loups dans les murs
chez Delcourt

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